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Texte extrait d’un texte écrit par

Jean-Paul Détournay

Bulletin Municipal de 1991

 

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PROJET UN PEU FOU D’UN RICHE ANTIQUAIRE

 

A l’endroit où la rue du Fbg Valmorin s’infléchit, existe une très belle demeure ancienne à la façade finement ouvragée : c’est la BLEVINIERE

Cependant les regards ont une tendance naturelle à la dédaigner, attirés par la demeure d’en face qui bénéficie d’une meilleure position géographique, que l’on vienne de Chaudon ou du centre de Nogent-le-Roi.

C’est d’ailleurs dans cette dernière appelée parfois Castel Montaigne, que la destinée de la Blévinière prend naissance. Son propriétaire, Mr. Dreifuss, riche antiquaire de Paris, arrive à Nogent-le-Roi aux alentours des années 1920 et apprend peu à peu à connaître notre région qu’il sillonne au volant de sa Delage décapotable.

C’est au cours d’une de ces visites dans la région que son goût pour les choses anciennes lui fait remarquer, dans le village de Blévy, une demeure ancienne de laquelle il s’éprend littéralement.

Un vaste projet prend alors naissance dans l’esprit de M. Dreifuss : acquérir la belle demeure de Blévy pour la transporter à Nogent-le-Roi en face du Castel Montaigne d’où chaque matin, d’un seul regard, il pourra l’envelopper.

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LE DEMONTAGE

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A Blévy le démontage de l’édifice s’effectue avec l’autorisation des  Monuments Historisques.

Les ouvriers détruisent avec précaution carrelages, cloisons, planchers et solives mais ne peuvent éviter l’accident dû à la malchance. M. Pierre Antoine, en effet, s’affaire à abattre une cloison. Une dernière  brique enfin et son travail sera terminé. A l’aide d’une barre à mine, il pousse ce matériau mais la poutre vermoulue qui se trouve au-dessus et qui tient encore miraculeusement s’effondre alors dans un vacarme assourdissant, ensevelissant  M. Antoine sous deux mètres de gravats.

L’intervention rapide des autres ouvriers évitera le pire mais vaudra quand même à l’intéressé un bon mois d’arrêt avant de reprendre son travail.

Malgré cet incident la démolition continue avec repérage, marquage, classement et bien sûr transport :

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LE REMONTAGE

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Tous les matériaux rapportés de Blévy ne suffisent cependant pas à reconstruire l’édifice dans la forme souhaitée par les Monuments Historiques, qui ont, rappelons-le, donné leur accord à la condition expresse que la partie de la façade manquante à Blévy  (existante en vulgaires briques) soit remontée à Nogent-le-Roi sans que n’apparaisse aucune différence notoire.

Les bois sont donc vieillis par trempage dans le carbonyl, par badigeonnage de goudron ou plus simplement arrosés de bouse de vache. Ce travail tout à fait inhabituel met largement à contribution le savoir-faire des entrepreneurs qui oeuvrent parfois de manière empirique.

Deux sculptures que l’on peut voir aujourd’hui sur la partie gauche de la maison sont également crées pour la circonstance par M. Antoine.  Moulures, bois arrondis naissent aussi sous la main des compagnons pour que la ressemblance soit parfaite.

Identité de couleur enfin, entre la bauge rapportée de Blévy qui comble les espaces laissés libres par l’ossature en bois et celle de la partie neuve. Où cette terre a-t’elle été tirée ? De quelle manière l’a-t’on travaillée ? Bien évidemment, il est inutile de rechercher les bâtisseurs et architectes qui ont vu naître la maison : ils ont disparu depuis longtemps. Par tâtonnements, les ouvriers réussissent à retrouver quasiment la même nuance que le temps ne viendra nullement modifier.

Un simple arrêt devant l’ancienne demeure suffit pour en être convaincu.

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​Lorsque vous aurez admiré cette belle demeure, retournez-vous, vous serez face au « Castel Montaigne » ou « Grenier à Sel » d’où M. Dreifuss, chaque matin, pouvait envelopper d’un seul regard, la maison qu’il venait de faire reconstruire.

 

 

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